Thursday, June 05, 2014

           Bilan d' exposition avec la série homo-érotique à Paris et Lima.

Il est important d’évoquer d’abord d’autres expériences avant mon expérience d’exposition  dans la librairie « les mots à la bouche » dans le marais   6 – 27 février 2014).
J’ai fait différents essais entre les mois de décembre 2013 et janvier 2014,  pour rendre possible  le projet d’exposition individuelle, dans un lieu d’exposition à Paris, avec la  série de peintures et photos « homo-érotique ». Le premier essai a eu lieu avec l’association des artistes de Belleville, Les AAB dans le 20eme arrondissement, association dont je suis membre et avec laquelle j’avais déjà fait avant des expositions individuelles dans la galerie de l’association. J’ai présenté mon dossier au comité de sélection des AAB  avec des photos de la série des peintures et photos série « homo érotique », j’ai présenté la série avec le sujet de la vie privée de l’artiste comme sujet de son travail plastique, ma vie privée  homosexuelle à Paris, recherche que j’ai commencé en 2010 jusqu'à 2014, mais la réponse du jury a été négative, parce qu’ils considèrent que ma série de peintures homo érotique est trop directe sexuellement. Le problème est surtout les visiteurs qui viennent pendant le weekend visiter la galerie,  surtout «les enfants » qui viennent visiter la salle en compagnie de  leurs parents et le problème est aussi le quartier, ce n’est pas un quartier facile pour ce type de sujet  et les scènes de sexe homosexuel sont trop fortes  et directes, mais en revanche je peux présenter un projet d’exposition  avec le même sujet érotique,  avec des autres artistes pas homo, hétérosexuelle,  la vision de l’érotisme dans le champ d’études hétérosexuelles, etc. J’ai, encore, obtenu la même réponse  (« les enfants ») pour  montrer  ma série «  homo érotique »  à Lima-Pérou, dans la salle d’exposition d’un institut d’anglais Euroidiomas, situé dans un quartier commercial à Miraflores, à savoir que le sujet de ma peinture est trop fortement sectorisé pour le public visiteur avec des enfants. Enfin, j’ai réussi à faire une exposition bilan de mon travail plastique, des anciennes étapes, exposition parallèle à mon  exposition avec la série homo-érotique dans une librairie dans le centre de Lima- Pérou, un côté de la ville encore considéré «  underground »
À Paris, la réponse à ma question sur les lieux d’exposition pour montrer la série homo érotique a toujours été de me conseiller de chercher une salle  d’exposition dans le marais.
J’ai commencé la recherche d’un lieu d’exposition  dans le quartier du marais : j’ai envoyé mon projet d’exposition à l’espace d’exposition du bureau LGBT de la Rue Rambuteau à Paris, la réponse a été négative avec le même motif : le sujet de la série « homo-érotique » étant selon eux trop fort et trop direct. Ils m’ont demandé si je n’aurai pas un autre style de tableau, moins fort, plus décoratif.
Dans le bar « Le Duplex » bar dans le marais, j’ai laissé mon dossier aussi, avec la série homo érotique : la première fois, ils sont répondu que l’agenda était plein et un autre jour où j’ai parlé directement avec  le patron du bar, il a répondu qu’il  choisissait les sujets d’exposition, préférant des expositions collectives. De manière parallèle, j’ai réussi à proposer mon projet d’exposition avec la série «homo érotique » dans la librairie «  les mots à la bouche », dans le marais à Paris ; en même temps, j’ai commencé aussi à prendre contact par mail avec la  librairie « Arcadia Mediatica », librairie spécialisée en  architecture et  arts visuels, à Lima - Pérou,  qui s’est montrée  très enthousiaste avec la série homo-érotique, en acceptant mon projet d’exposition. L’exposition s’est appelée « L’effet miroir, l’image extérieure et l’image intime », sujet de ma recherche pour le doctorat en arts plastiques, Université Sorbonne Paris 1.
Mon exposition individuelle de peinture avec la série  « homo érotique »  dans la librairie « les mots à la bouche » dans le marais, a eu lieu au mois  de  février, du 6 au 27.
Dans la librairie, le sous-sol est adapté  comme lieu d’exposition, les tableaux de peintures à l’huile série qui parle sur la vie nocturne homo à Paris et les scènes dans le bars avec  dark room à Paris, tableaux   petit format (50x50 cm)  et les photos où je suis habillée avec des sous- vêtements  féminins de 40cm x 40cm sont accrochés sur les murs de la librairie entre les livres. Comme expérience d’accrochage, cela fut très intéressant parce que l’esthétique de ma peinture et de mes photos est liée au sujet de la librairie. Les couvertures des livres font un bon mélange, ce lieu « les mots à la bouche »  est en effet une librairie proposant des écrits et des films dvd homosexuels. Une autre caractéristique est qu’avant de faire mon exposition, un autre artiste plasticien « latino » également,  a réalisé son exposition avec des dessins homo érotiques, comme s’il y a avait une tendance des artistes homosexuels latinos à Paris, tendances à montrer en ce moment ce type de sujet en peinture ou en photos.
L’exposition a duré trois semaines dans « les mots à la bouche », j’ai fait une visite guidée pour trois personnes, dans laquelle j’ai parlé de mon processus, comment j’arrive à peindre ma vie intime homosexuelle dans mes tableaux. Je n’ai vendu aucun tableau : le public, les visiteurs sont des acheteurs de la librairie, ils sont passés  en face des tableaux. Les photos, série des photos de 40x40cm, où je suis habillé avec des sous-vêtements féminins, les attirent beaucoup. Cette série plaît au public, visiteurs de la librairie  qui sont  plutôt de passage dans le sous-sol à la recherche d’un livre.
Durant la conversation que j’ai eue dans  une soirée au  bar « le duplex » dans le marais, un homme, le patron d’une boutique de photos dans le marais m’a raconté son  expérience difficile pour exposer et vendre dans sa boutique une  série de photos, art frontal et direct de sexe homosexuel. Il a exposé une série des photos de la même esthétique que ma peinture, mais le public n’a rien acheté. Selon lui, les homosexuels parisiens, même ceux qui peuvent acheter de l’art, n’ont pas envie pas de voir ces  scènes dans lesquelles apparaît la sexualité dure homosexuelle des bars avec dark room  à Paris, qui font partie de la vie nocturne homo à Paris, qui font partie du quartier de la vie gay parisienne. Le public gay acheteur préfère acheter des photos avec une esthétique proche du pop art, un art plus décoratif, proche aux goûts « hétéro ».
Je ne dis pas qu’il faut acheter ma peinture, ma série homo érotique, dont je sais qu’elle est forte et directe, mais la peinture est un art in fine. Ce qu’il y a d’extraordinaire dans ces anecdotes, ces expériences est que la simple action de chercher un lieu d’exposition à Paris et à Lima, m’apporte des réponses du côté professionnel, comme peintre, réponse qui est le  reflet de l’ambiance culturelle en face de certains sujets. Certaines structures, certains organismes culturels dans le domaine de l’art plastique, n’acceptent toujours pas certains sujets. Un  reflet de la vraie société gay  à Paris est la position des organismes comme LGBT, organismes représentatifs de la communauté  homosexuelle, qui refuse une exposition de peinture et photos homo érotiques et qui demande à la place de l’art décoratif, expérience très riche et qui m’aide à  comprendre et  savoir ma place comme peintre dans la société parisienne et mondiale, un peintre  qui parle avec sincérité de sa vie privée dans sa propre peinture et qui utilise même le sujet de sa propre vie privée homosexuelle à Paris, comme sujet de son œuvre.& 
Le commissaire  d’exposition  espagnol  Agustin Perez Rubio, pendant son passage à Lima en  avril 2014, a visité  mon exposition « L’effet miroir, l’image extérieure et l’image intime » dans la librairie Arcadia Mediatica. Je lui ai raconté ma position artistique à propos de la  série  homo érotique, qui en fait  poursuit la même mécanique de travail  de peintre de la ville, qui avant évoquait ma vie à Lima au Pérou  et qui maintenant retrace ma vie à Paris, donc ma propre vie privée homosexuelle. Pour arriver à ce résultat, c’est tout un processus qui a commencé en  2000 et qui a passé par plusieurs étapes esthétiques. J’étais inquiet car pendant mon exposition, « L’effet miroir, l’image extérieure et l’image intime »,  l’ambiance culturelle à Lima conduisait le public à faire  des liens entre mon travail plastique et l’activisme homosexuel, pour la défense des droits des homosexuels. Perez Rubio m’a répondu que l’acte  de faire une exposition de ce genre est déjà une manière d’être activiste. Certes mon travail est le résultat d’un processus mais c’est  aussi une peinture de genre, qui reste aussi un travail plastique. Selon Perez Rubio, c’est justement en raison de ce contexte pour la défense des homosexuels, que maintenant une tendance, de toute une partie de la communauté homosexuelle et surtout des organismes culturels homosexuels, est de préférer vendre une image de la communauté gay plus « soft », d’adoucir d’une certaine manière la communauté gay  et de ne pas montrer certaines scènes de la vie gay. Des homosexuels ne veulent pas voir ces scènes de sexe directes, car elles leur semblent trop grotesques ou dures. Ils préfèrent s’intégrer dans un modèle dominant. Réciproquement existe aussi une tendance culturelle qui essaie de faire entrer ce type d’art évoquant directement et crument la vie privée dans l’activisme.
Julien Bargeton, membre de PS à Paris, estime que, pour certains publics, mes séries de travaux et recherches de représentations (peintures et photographies) semblent s’opposer à cette  essai d'intégration de la communauté gay dans la société  hétérosexuelle parisienne, sans implication et distinction de genre. Cela s’opposerait à cette attitude de la communauté gay en faveur du mariage pour tous, l’adoption des enfants pour les couples homosexuels, les droits des homosexuels,  qui sont les bases de «  l'unification » des homosexuels, bref l’aspiration à une certaine « normalité » ; alors que mes tableaux racontent la « marge ».
Ma série s’est construite à partir de la perception d’un peintre homosexuel (moi) qui peint sa vie à Paris, mais une vie homosexuelle dans laquelle la base est l’expression de « son plaisir », plaisir sexuel sans censure, plaisirs trouvés dans le contact sexuel furtifs dans le dark-room lieux spécifiques dans les bars, s’ajoute le plaisir de m’habiller avec des sous-vêtements féminins et de photographier mon reflet face au miroir de la salle de bain dans mon appartement à Paris. Tout se fait pour la représentation du plaisir, car il me semble que nous négligeons l’aspect élémentaire très important  dans la vie en communauté  homosexuelle (ou hétérosexuelle). Ce plaisir apporte cette richesse et ces variétés d’expérimentations, un comportement : affirmation d’être libre. Ce mélange des expériences sexuelles  et esthétiques, et cette diversité des tendances et des manières d’être homosexuel, n’a rien à voir selon moi avec la vie sexuelle hétérosexuelle. Dans cette vie homosexuelle, l’image est très importante, les fantasmes sexuels sont tous des images, un matériau  visuel très riche pour un peintre ou artiste plasticien ou quelqu'un qui travaille avec des images ou dans le domaine de l’art visuel.
Cette image est la matière du fantasme, de sa réalisation, et le matériau de mon travail. L’effervescence de mes recherches pour cette thèse de doctorat.

À la fin de mon exposition à Lima, « L’effet miroir, l’image extérieure et l’image intime »  je suis arrivé à imprimer un livre catalogue avec toute la série « L’effet miroir, l’image extérieure et l’image intime ». Je suis arrivé à vendre à Lima quelques exemplaires de mon livre  pendant la présentation du livre dans la fondation Euroidiomas et j’ai, par ailleurs, laissé quelques exemplaires dans la librairie « les mots à la bouche » à Paris.
Ma position d’artiste plasticien, qui travaille sa propre esthétique, qui ne cherche pas l'intégration ou être accepté, pour le circuit artistique officiel ou culturel, reste que le développement de mon sujet  « ma vie privée comme sujet de mon propre ouvre » est la réponse de mon processus de travail  plastique que j’ai commencé en 2000.  
Je veux exprimer que l’art plastique est un bon moyen pour faire face à la société et est une forme d’aide dans l’inclusion de l’artiste plasticien et  l’ homosexuel, mais sans perdre « sa vraie identité et son essence », doublement : du côté artistique avec  la recherche de matériaux et la  liberté des sujets de son œuvre et du côté homosexuel, en assumant une image de l’homosexuel et de sa relation  avec  le plaisir, voire la  perversité, élément  d’une sexualité  homosexuelle, qui est sa propre manière d’être, sa démarche artistique tournée vers la perversité non dans le sens de la maladie, mais comme moteur de recherches des plaisirs sexuels et des satisfactions d’une représentation de ses imaginaires. 
« Son œuvre récupère de manière fondamentale le potentiel subversif des corps en face de toutes les normes dont l’hétéronomie qui fait des représentations du désir et du plaisir un espace politique, un espace d’affirmation et de résistance » dit par Miguel Lopez dans l’extrait du texte, « L’effet miroir, l’image extérieure et l’image intime » comme commissaire d’exposition,
Opinion de Miguel Lopez sur le lien entre ma série homo-érotique et l’activisme :
« Par exemple, le peintre Juan Diego Vergara ne milite dans aucun mouvement, il est une personne qui a  commencé à articuler un espace de lutte personnelle à partir d’un espace dans lequel il produit des images en relation à ces nouvelles expériences de vie comme homme gay qui habite à Paris. Vergara dans cette dernière exposition l’effet miroir, l’image extérieure et l’image intime, représente des tableaux qui montrent ces rencontres dans les bars homo avec des dark room ou d’autres tableaux dans lesquels il montre des outils de style SM. Il s’ouvre pour partager ces expériences avec tous les spectateurs et procure un espace d’échanges et de conversation à partir de cette expérience, ouvre son champ personnel et de cette manière les autres peuvent se sentir identifiés. Comme dans sa série Héros et Salaud, dans laquelle il oppose  des couvertures de magazines Têtu avec des citations des articles des personnalités qui ont une position ouverte de persécution contre les sexualités dissidentes. Enfin, ce qui m’intéresse est comment ces images peuvent aussi permettre de penser les luttes sociales à partir d’un autre lieu. Je crois que cela forme un dialogue très intéressant qui est fantastique quand il arrive. Qu’est-ce que les pratiques artistiques peuvent dire des luttes sociales et politiques ? Et inversement : qu’est-ce que les luttes sociales nous apprennent des pratiques privées, de ces lieux ? ».
C’est un paradoxe : l’artiste devient activiste en raison du contexte (le combat pour les droits des homosexuels dans le monde) et son œuvre est utilisée pour l’intégration dans la société, alors que son discours au contraire insiste sur la marge de la vie homosexuelle par rapport à la norme hétérosexuelle.
Conclusion Juan Diego :
Mon rôle d’artiste plasticien  me donne le pouvoir de créer une esthétique pour faire accepter un reflet de la vie  homosexuelle en lien avec « le plaisir et  la perversité ».
Entretien sur le site Internet péruvien « La Mula.pe », sur  l’exposition « L’effet miroir, l’image extérieure et l’image intime » en relation au  « plaisir » dans mon travail plastique :
« Parce que mon travail a toujours été lié au plaisir, comment je me sens femme, je fais le choix de m’habiller avec des sous-vêtements féminins et d’essayer  de regarder mon reflet dans le miroir parce que je me trouve attirant, je ne trouve aucune raison pour m’excuser de cela, je trouve un lien avec  le selfie en  facebook. Il y a quelques années que j’ai commencé à prendre des photos de moi-même  et les montrer dans mon profil, c’est la mécanique de travail que j’utilise maintenant dans mon travail plastique, c’est ma propre thérapie personnelle. Au début mes premières photos en facebook ont été critiquées par mes amis  à Lima-Pérou «  tu te montres beaucoup en Facebook, c’est une étape egocentrique, tu te montres toujours avec une chemise ou une nouvelle veste » et j’ai répondu que c’est le résultat de l’expérience de vivre à Paris, beaucoup de mode, d’esthétique, de côté visuel, tout ça rentre par les yeux, l’apparence, l’aspect personnelle sont très importants. J’ai toujours aimé la mode, ma recherche d’un style personnel dans ma manière de m’habiller, ça a commencé pendant les années quatre-vingt et c’est toujours sur cela que parle mon travail plastique actuel».
                Projet :
Mon prochain projet sera la candidature à un lieu de résidences artistiques au Mexique, avec  l’élaboration d’ un  « manifeste artistique » en forme de  fanzine, illustré avec des peintures et dessins  avec des scènes homo érotiques en  défense du « plaisir et de la perversité  homosexuels » , en  réponse et contre  une stratégie  politique mondiale  d'assimilation de l’homosexuel dans la société hétérosexuelle, sans laisser de côté sa vrai nature. Mais je voudrais utiliser une esthétique plus artistique dans cette série.    
Conclusion : 
« l’artiste plasticien prend le risque d’être nommé activiste quand son discours  est trop frontal et que le sujet évoque sa vie privée. Je crois qu’il doit continuer avec cette narration de sa vie privée mais sans perdre  l’élément de plaisir, de fantaisie, de magie  dans  l’élaboration de sa propre esthétique, une manière  de protection  contre l’activisme et la manipulation de son propre discours plastique ».                                                                                            
                                                                                                               Juan Diego Vergara, Paris, 2 juin 2014.



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